Si vous arrivez dans ce chapitre pour préparer votre plan de substitution vous devez absolument vous sentir à peu près stabilisé sous votre benzodiazépine d’origine.
Si ce n’est pas le cas, je vous invite à vous reporter au chapitre sur la stabilisation.
Comme vous avez dû le lire dans le chapitre précédent, une substitution doit toujours se faire progressivement.
Selon la dose de benzodiazépine d’origine, on l’étalera généralement sur 4 à 8 semaines. Parfois pour de très petites doses 2 semaines suffiront, parfois au contraire pour de très fortes doses, 12 semaines seront nécessaires. Mais hormis le cas d’une très forte dose il est préférable de limiter la substitution à 8 semaines afin d’éviter au maximum le risque d’entrée en tolérance avant le début du sevrage.
Les travaux sur la question montrent qu’au-delà de 8 semaines de traitement à la même dose, le risque d’entrée en tolérance devient important, ce qui signifie qu’ il conviendra, tant au cours de la substitution que du sevrage, d’éviter de rester plus de 8 semaines à la même dose. On ramènera même cette durée à 4 semaines en cours de sevrage.
Il est important que vous sachiez aussi que cette étape peut, pour certaines personnes, se révéler la plus délicate et la plus pénible du sevrage.
Pour la plupart tout se passera globalement bien, avec quelques désagréments que je vais citer plus loin, mais pour d’autres cette période pourra être très difficile. Je vous indiquerai aussi plus loin les signaux d’alerte et vous donnerai quelques conseils en cas de difficulté modérée ou majeure.
Nous allons donc voir dans ce chapitre pourquoi la substitution peut être une phase délicate et comment procéder concrètement pour élaborer son plan de substitution.
Pourquoi la substitution peut-elle être délicate ?- Une substitution est en fait un mini sevrage de l’ancienne molécule au profit d’une nouvelle. Donc comme pour tout sevrage, si elle est menée trop rapidement, avec des doses inadaptées ou des paliers trop courts, l’organisme peut souffrir de cette suppression d’une molécule à laquelle il est fortement dépendant.
- Par ailleurs, la nouvelle molécule aura besoin de temps (4 semaines à la même dose) pour donner toute sa puissance. Ce n’est donc que 4 semaines après la fin de la substitution (donc à l’issue de la phase de stabilisation) que notre organisme pourra profiter pleinement de ses effets. Il est donc possible que certaines personnes ne bénéficient pleinement de la substitution qu’au terme de la phase de stabilisation.
- Ensuite, l’introduction d’une nouvelle molécule peut avoir quelques conséquences :
Dans quelques cas, très rares heureusement, la nouvelle molécule pourra être mal supportée. Dans ce cas, il sera toujours possible de basculer sur la 2ème molécule alternative puisque nous utilisons couramment soit le Lysanxia soit le Valium.
Par contre, dans la plupart des cas on pourra ressentir plus intensément les effets thérapeutiques des benzodiazépines qui sont toutes, je le rappelle : Anxiolytiques, Hypnotiques, Myorelaxantes et Anti convulsivantes. En effet, l’organisme n’étant pas habitué à cette nouvelle molécule sera plus sensible à son action. Ceci peut être un bienfait pour le plus grand nombre qui va voir de ce fait ses troubles anxieux et du sommeil considérablement régresser. Mais pour certains, ces effets thérapeutiques vont être ressentis de façon pénible par une forte sédation et un sentiment dépressif essentiellement. Il conviendra dans ce cas de vérifier qu’il n’y ait pas de surdosage et éventuellement réajuster l’équivalence à la baisse selon les symptômes éprouvés.
Ainsi vous comprendrez qu’une substitution bien conduite nécessite de chercher le juste équilibre en trouvant la dose de la nouvelle molécule de benzodiazépine nécessaire pour couvrir le sevrage de l’ancienne mais sans occasionner d’effets secondaires trop importants. Ne pas être ni sous, ni sur-dosés.
A ce propos le tableau d’équivalence proposé par le Pr Ashton s’est généralement révélé assez fiable : cf
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ou « Tableau 1. Les benzodiazépines et les drogues similaires» de la page
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Vous pouvez aussi utiliser le tableau de TRAP beaucoup plus complet, surtout pour les membres vivant à l’étranger, mais moins lisible :
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Comment procéder concrètement Je vous invite à préparer votre plan de substitution sous forme de tableaux tels que ceux-ci :
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Concernant la durée des paliers 2 écoles s’affrontent. Le Pr Ashton, mettant l’accent sur le besoin d’adaptation de l’organisme au mini sevrage occasionné par la substitution, préconise des paliers d’1 semaine, alors que le Dr Peart conseille des paliers de 2 jours dans le but de raccourcir autant que possible la durée totale de la substitution afin d’éviter au maximum le risque de développer une tolérance avant le début du sevrage.
Mon expérience m’incite à conseiller
des paliers d’1 semaine, au moins pour les 4 premières semaines de substitution, car les membres du forum qui ont tenté de raccourcir ce délai ont pour la plupart très rapidement souffert de symptômes de sevrage de l’ancienne molécule.
Par contre, une fois que la nouvelle molécule semble bien implantée, c'est-à-dire à partir du moment où l’on ne ressent plus aucun symptôme de sevrage (anxiété, angoisse, palpitations, etc.) mais qu’au contraire on aurait plutôt tendance à éprouver des symptômes de surdosage (sédation, humeur plutôt dépressive), il est possible de ramener ces paliers à 4 ou 5 jours au lieu d’1 semaine.
Ceci est particulièrement indiqué pour les consommateurs de fortes doses pour lesquels il est important de réduire autant que possible la durée de la substitution.
Je donnerai aussi plus loin un exemple de tableau de substitution pour une forte dose de benzodiazépine.
Concernant les équivalences à utiliser je recommande
les équivalences proposées sur les 2 sites cités plus haut.
A ce propos vous constaterez très vite que l’équivalence au Lysanxia se présente sous forme de fourchette avec une équivalence basse et une équivalence haute. Je vous conseille de prendre par défaut l’équivalence moyenne, mais de rester à l’écoute des réactions de votre organisme.
Les personnes sous de fortes doses de benzodiazépines ou en très grande tolérance auront généralement rapidement besoin d’une équivalence moindre.
Pour la répartition des doses, il est conseillé de
partir sur la base de 3 prises quotidiennes, ¼ de dose journalière le matin et le midi et ½ dose le soir. Cette répartition avec la dose la plus forte le soir permettra de retrouver rapidement un meilleur sommeil et d’éviter une sédation trop importante en journée. Mais pour des doses faibles il est aussi possible de fractionner la dose quotidienne en 2 prises soit 1/2 dose le matin et 1/2 dose le soir, soit 1/3 de la dose le matin et 2/3 le soir si la sédation en journée devient trop importante.
Enfin, il est généralement préférable de
commencer la substitution par la dose du soir qui d'ailleurs est souvent la plus importante. Ainsi, il sera possible de retrouver plus rapidement un meilleur sommeil et d'éviter une trop forte sédation en journée.
Vous noterez que dans les 2 tableaux la succession des substitutions ne s'effectue pas exactement dans le même ordre. En fait, hormis le conseil de privilégier la substitution de la dose du soir et d'effectuer des substitutions progressivement sur toutes les prises il n'y a pas règle immuable. Vous pouvez donc en fonction de votre dosage journalier, de sa répartition et de l'intensité de vos symptômes au cours de la journée, établir votre propre plan de substitution personnalisé. Ainsi, si vous souffrez plutôt d'angoisses en début de journée il pourra même être judicieux de commencer par substituer tout ou partie de la dose du matin en premier lieu. L'important étant de procéder de façon progressive alternativement sur les différentes prises en respectant bien la durée des paliers.
Comme je l’ai précisé plus haut
il est courant d’éprouver un certain nombre de symptômes au cours de la substitution. Je vais essayer de lister les plus importants et vous donner la conduite à tenir en fonction.
-
Manifestations d’anxiété, angoisse, palpitations, insomnies et tous les autres symptômes que l’on peut rattacher au symptômes de sevrage :
Lorsque ces symptômes apparaissent c’est généralement en début de substitution. S’ils sont modérés vous pouvez les considérer comme normaux à ce stade. Ils sont dus à la suppression de l’ancienne molécule et vont s’atténuer pour finalement disparaître en 2 à 3 semaines maximum, le temps que la nouvelle molécule monte en puissance.
S’ils s’aggravent d’une semaine à l’autre il peut y avoir plusieurs explications, les plus fréquentes étant : la suppression d’une part trop importante de votre ancienne molécule, une équivalence trop basse, ou enfin des paliers trop courts inférieurs à 1 semaine.
Dans ces cas là, il conviendra de corriger rapidement le plan de substitution car sinon vous risquez d’avoir du mal à vous stabiliser correctement avant de débuter votre sevrage. Le but de la substitution n’est pas de commencer un sevrage mais au contraire d’apporter à l’organisme la dose adaptée de benzodiazépine lui permettant d’entamer le sevrage sur de bonnes bases et surtout sans aucun symptôme de manque. Il est donc fortement déconseillé d’essayer de profiter de la substitution pour diminuer la dose globale de benzodiazépines et illusoire de croire que l’organisme va finalement s’adapter à une dose inférieure à ses besoins. Il est enfin très important de respecter le rythme conseillé ci-dessus car nos organismes ont besoin de ces délais de temps pour s’adapter aux changements.
-
Sédation importante, envie de dormir durant la journée, humeur dépressive, perte d’entrain… Ce sont des effets secondaires dus à l’introduction de la nouvelle molécule.
Ces symptômes arrivent fréquemment, mais à des degrés divers. Ils apparaissent généralement après la 3ème semaine.
Encore une fois, s’ils sont modérés c’est un phénomène tout à fait normal qui va se stabiliser avec le temps et qui dans tous les cas disparaîtra avec le sevrage.
Si par contre ces symptômes deviennent intenses il conviendra de réévaluer votre plan de sevrage en diminuant légèrement l’équivalence de base.
Ces symptômes touchent fréquemment les personnes prenant de fortes doses de benzodiazépines. Si vous êtes dans ce cas, je vous invite à vous reporter au chapitre traitant de ce cas particulier car il existe plusieurs solutions pour gérer cette situation.
Mais quelles que soient les réactions de votre organisme, il est impératif d’éviter les changements de doses ou d’horaires trop fréquents ou trop importants.
En effet la longue demi vie du Lysanxia ou du Valium a pour conséquence de nécessiter un certain temps pour voir les résultats de tout changement. Les variations trop fréquentes ou trop proches l’une de l’autres risquent fort de n’avoir pas le temps de montrer leur effet et d’entraîner par conséquent un déséquilibre difficile à compenser.
Je vous conseille donc de bien prendre le temps de vérifier qu’une modification de dose ou d’horaire est indispensable en prenant du recul sur au moins 1 semaine. Puis, si les symptômes vous incitant à effectuer un changement sont toujours présents, de
n’effectuer qu’un seul changement à la fois et ne plus rien modifier ensuite de cette nouvelle base avant au moins 10 à 15 jours (10 jours étant la durée minimale pour vérifier l’effet d’une modification avec une benzodiazépine a demi vie longue).
Par ailleurs, il conviendra de procéder à des modification de doses d’une taille très modérée que ce soit à la hausse ou à la baisse. Le Lysanxia ou le Valium sont disponibles sous forme de gouttes donc même si votre dose de benzodiazépine vous permet d’utiliser la forme comprimé pour votre substitution, je vous conseille d’ajuster votre dosage en convertissant la valeur de vos comprimés en gouttes (afin de connaître l’équivalence en goutte de chaque prise) et de
n’ajouter ou enlever que quelques gouttes au maximum. La plupart du temps une modification d’1 ou 2 gouttes par prise suffira. L’organisme étant très sensible aux benzodiazépines, procéder ainsi vous permettra d’éviter de passer d’un extrême à l’autre. Si la modification est insuffisante, vous pourrez toujours continuer ainsi par petites touches afin de trouver le bon dosage. Alors que si vous faites une modification de taille trop importante vous risquez de superposer les symptômes et de ne jamais trouver le dosage le plus approprié.
Mais encore une fois, je le répète, de nombreux symptômes liés à la substitution sont tout à fait normaux. Dans la grande majorité des cas ces symptômes sont transitoires et il vaut mieux laisser l’organisme s’y adapter plutôt que de rechercher une perfection impossible, et risquer de se sentir encore plus mal et retarder d'autant le début du sevrage à proprement parler.Voici pour finir quelques informations complémentaires pour élaborer votre plan de substitutionLysanxia : 1mg = 2 gouttes donc 1 goutte = 0,5mg
Valium : 1mg = 3 gouttes donc 1 goutte = 0,33mg