Allez voir votre généraliste, dites lui que vous avez de légers picotements sous le cuir chevelu, que vous n’avez pas le moral, et hop vous avez droit à votre antidépresseurs et/ou votre anxiolytique dans les 10 minutes qui suivent. La rapidité de prescription est tout bonnement stupéfiante …
Ces nouvelles molécules arrivées sur la marché du médicament il y a environ 30 ans ne possèdent officiellement que des avantages, pas ou peu d’effets secondaires. Mais l’enquête va mettre à jour une autre réalité, comment des médecins renommés sont rémunérés à coup de millions par les firmes pharmaceutiques pour promouvoir tel ou tel antidépresseur.
Certains spécialistes courageux ne sont pas d’accord et le disent, comme Roland Gori :
Roland Gori (psychanalyste à Marseille et professeur de psychologie et de psychopathologie cliniques à l’université d’Aix-Marseille) se demande comment on en est arrivé à la diffusion du diagnostic « déprimant » de dépression classé comme un des fléaux de santé du moment. Il interroge le fait qu’on en soit arrivé à un diagnostic qui selon lui est au moins autant en rapport avec les normes sociales qu’avec la réalité d’une entité réelle que serait la dépression: -un diagnostic « liquide » pour une civilisation « liquide » (…) Peut-être la notion molle de dépression n’est-elle que le cache misère de cette civilisation qui désavoue la valeur de la mélancolie ?
(Source Wikipédia)
Et pourtant, et pourtant, le marché de ces médicaments forts chers est passé de 400 millions d’euros dans les années 1980 à 14 milliards d’euros aujourd’hui, l’embauche de médecins psychiatres de renommée internationale a été le coup de maître de l’industrie pharmaceutique, leur crédibilité favorisant ainsi fortement l’expansion du marché des antidépresseurs. Qu’est devenu le Serment d’Hippocrate ? Aujourd’hui, ce sont près de 6 millions de Français qui en consomment tous les jours, c’est le record européen.
Le plus inquiétant, c’est le nombre de consommateurs qui est en constante augmentation, ce qui pose déjà en soit, le problème d’efficacité de ce type de médicaments, en effet, s’ils étaient réellement efficaces, ce nombre tendrait à décroître ou au pire à se stabiliser …
Le professeur Irving Kirsch a dirigé une étude indépendante dont les résultats ont été publiés en 2002. Le constat est sans appel, non seulement l’efficacité des antidépresseurs n’a pas été prouvée mais en plus, ces médicaments seraient addictifs et dangereux car ils accroissent de manière significative les actes violents.
L’enquête pose également la question de l’éthique des industriels du médicament. Une question centrale quand on sait que les médecins qui ont participé à la dernière définition internationale de la dépression sont pour la quasi totalité d’entre eux rémunérés grassement par l’industrie pharmaceutique …
Le lobbying serait-il le cancer de notre monde ?
Envoyé spécial du 18/03/2010 : Dépression – Questions sur une épidémie