Il me semble important d’apporter quelques précisions sur le terme de dépendance aux benzodiazépines car il n’y a pas 1 mais 2 formes possibles de dépendance aux benzodiazépines (la dépendance psychologique et la dépendance physique) et elles sont souvent confondues dans les discours.
Pour clarifier les choses on peut déjà faire cette distinction entre les 2 formes de dépendance :
En schématisant on peut décrire la
dépendance psychologique comme le fait d’avoir
envie de prendre des benzodiazépines alors que la
dépendance physique est le fait d’avoir
besoin de prendre des benzodiazépines alors même que
l’on n’en a pas envie.
Bien sûr ces 2 formes de dépendance peuvent être et sont souvent intriquées, tout comme elles peuvent exister indépendamment l’une de l’autre.
Il me semble en tout état de cause utile d’en faire la distinction car leur compréhension permettra de mieux appréhender les subtilités de la dépendance aux benzodiazépines et à chacun de se sentir plus au clair face à sa propre problématique.
Je n’aborderai pas l’aspect de la pure dépendance psychologique dans ce guide car il n’est pas de mon ressort. Vous pouvez entre autre consulter le Manuel Ashton
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L’abus récréatif des benzodiazépines ».
Par contre de détailler un peu mieux le problème de la dépendance physique pourra peut-être permettre à certains d’entre vous qui croyaient être sous le coup d’une dépendance psychologique de se rendre compte qu’ils ne subissent en fait que certains aspects de la dépendance physique.
En effet, la dépendance physique a pour caractéristique de se manifester entre autre sous forme de symptômes évoquant des troubles psychologiques.
Afin de mieux en comprendre les mécanismes je vous rappelle le mode d’action des benzodiazépines qui sont toutes : Anxiolytiques, Hypnotiques, Myorelaxantes et Anti convulsivantes.
Ces effets thérapeutiques sont essentiellement dus à l’action des benzodiazépines sur le système GABA que l’on peut résumer ainsi :
Cf Manuel Ashton
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Les mécanismes d’action » : « Toutes les benzodiazépines agissent en facilitant les actions d'une substance chimique naturelle, le GABA (acide gamma-aminobutyrique). Le GABA est un neurotransmetteur, un agent qui transmet les messages issus d'une cellule du cerveau (le neurone) à une autre. Le message transmis par le GABA est un message inhibiteur: il permet aux neurones qu'il contacte d'en ralentir ou d'en arrêter l'émission. Étant donné que 40% des millions de neurones situés dans le cerveau sont sensibles au GABA, cela signifie que le GABA exerce en général une influence apaisante sur le cerveau. Il est en quelque sorte comme l'hypnotiseur et le tranquillisant naturel du corps humain. L'action naturelle du GABA est augmentée par les benzodiazépines qui exercent en retour une influence inhibitrice supplémentaire (souvent excessive) sur les neurones. »
Pour d'autres informations vous pouvez aussi consulter :
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ,
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] , et les différents sites proposés par Michel dans la rubrique "
Liens d'informations"
La conséquence est qu’une privation de benzodiazépines va lever cette inhibition et exposer brutalement notre système sensoriel à toutes les stimulations sans la protection du filtre offert par les benzodiazépines.
Cet effet sera encore majoré par le phénomène de tolérance, caractérisé par le fait que l’organisme, habitué à l’administration des benzodiazépines perd progressivement sa réceptivité à leurs effets inhibiteurs. Il est à supposer qu’il réussi au fil du temps à mettre en place des stratégies de contournement comme s’il tentait malgré tout de retrouver son niveau de sensation antérieur. Cette réaction de l’organisme permettant de retrouver une certaine sensibilité émotionnelle va encore aggraver les effets d’un sevrage.
Ainsi la personne en situation de manque entre 2 prises, ou de sevrage va se trouver brutalement en état d’hyper stimulation sensorielle avec toutes les conséquences que cela implique. Les sensations vont être décuplées ainsi que les réactions de défense au stress de l’organisme qui va réagir comme en situation de danger. D’où les symptômes tels que les crises de panique, les palpitations, toutes les manifestations d’anxiété, les troubles du sommeil, l’hyper sensibilité sensorielle, etc…
Malheureusement, la motivation d’une prescription de benzodiazépines vient fréquemment d’un état anxieux ou de troubles du sommeil. De ce fait, les professionnels de santé, mal informés sur la gravité et les modes d’expression de la dépendance aux benzodiazépines, ont souvent du mal à faire la différence entre un état psychologique perturbé et des symptômes de sevrage dus aux changements bio-chimiques induits par la consommation de benzodiazépines et leur arrêt trop rapide. D’où leur fréquent diagnostic de retour ou d’aggravation de la pathologie d’origine.
C’est là où vous pouvez vous-mêmes analyser votre situation et comprendre où vous en êtes dans votre rapport aux benzodiazépines.
Il est possible qu’à la lumière de ces informations votre situation vous apparaisse très clairement et que vous soyez sûrs de n’être victime que de la dépendance physique. Dans ce cas n’hésitez pas à vous documenter plus avant dans ce domaine afin de pouvoir opposer des arguments solides à toute personne voulant réduire vos symptômes à un déséquilibre ou une dépendance d’ordre psychologique.
Mais ne croyez pas, par contre, que grâce à votre seule volonté vous pourrez vous défaire rapidement des benzodiazépines. La dépendance physique est réelle, scientifiquement prouvée et très grave par la sévérité de son implantation dans l'organisme humain. Si votre volonté est importante dans la réussite de votre sevrage, ce sera surtout pour vous donner la force et la patience d'en supporter la longueur et les inévitables symptômes. Elle sera complètement inopérante pour en réduire la durée ou diminuer l'intensité de vos symptômes car ils sont le résultat de phénomènes organiques.
L’analyse de votre situation personnelle ne sera pas toujours aussi facile car la prise de benzodiazépines apaisant les angoisses, vous pouvez vous trouver terrifiés à l’idée de perdre cette « béquille » psychologique. C’est là que nous nous trouvons à la frontière entre la dépendance physique et psychologique.
En parler avec les autres membres du forum, un psychologue ou toute personne avec qui vous vous sentez en confiance pour aborder ce sujet peut être un moyen de prendre un peu de recul et vous aider à vous positionner.
Vous devez savoir qu’il est normal que vous vous sentiez perturbés à l’idée de devoir à nouveau gérer votre vie émotionnelle sans l’aide de ces médicaments, mais d’avoir conscience que vos symptômes sont, pour la grande majorité d’entre eux, le résultat des modifications bio-chimiques induites par les benzodiazépines et leur sevrage, peut vous aider à relativiser les troubles ressentis, en vous disant qu’ils ne sont pas le reflet de ce que vous êtes réellement mais le résultat des efforts de votre organisme pour se protéger de cet afflux de stimulations qui le submerge, qu'il est possible de les limiter par un protocole de sevrage adapté, et qu'ils vont s'atténuer et disparaître pour la plupart à l'issue de votre sevrage.
Je ne saurais trop vous conseiller malgré tout de vous faire aider par un professionnel compétent (tel un psychologue par exemple) si vous sentez que vous avez trop de difficultés à affronter ces perturbations, mais en vérifiant qu'il/elle soit ouvert à nos méthodes de sevrage lent de façon à ce qu'il puisse vous accompagner dans votre démarche de sevrage.
Pour conclure, je vous invite à consulter cette page du site de Corinne :
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] qui aborde de façon plus détaillée de nombreuses notions déjà évoquées ainsi que des informations importantes sur
la durée légale de prescription des benzodiazépines ou
les réactions paradoxales par exemple.
Lun 15 Mar - 17:38