https://www.huffingtonpost.fr/life/article/les-benzodiazepines-entraineraient-des-complications-meme-longtemps-apres-l-arret-du-traitement_220149.htmlDes troubles neurologiques ont été détectés chez d’anciens consommateurs de benzodiazépines. Les chercheurs associent ces effets secondaires et leurs conséquences à long terme à la prise de ces puissants anxiolytiques.
Par Le HuffPost
Les benzodiazépines sont associées à des complications neurologiques sur le long terme, selon cette étude.
SANTÉ - Xanax, Valium, Antivan… Les benzodiazépines, prescrites pour soulager l’anxiété, le stress ou l’insomnie, sont connues pour leur efficacité mais aussi pour le risque de dépendance et les effets secondaires qu’elles entraînent, comme des difficultés à se concentrer, des pertes de mémoires, ou encore une dépression, rappelle le ministère de la Santé.
D’après une nouvelle étude publiée dans le journal Plus One, le 29 juin 2023, certains de ces symptômes se font encore ressentir plus d’un an après l’arrêt du traitement. Selon les conclusions de ces chercheurs de l’université du Colorado, la consommation de benzodiazépines est associée à des lésions du système nerveux et donc à ces effets négatifs sur la vie des patients sur le long terme.
Un trouble qu’ils ont nommé BIND, (pour Benzodiazepine-Induced Neurological Dysfunction en anglais, que l’on peut traduire par Dysfonctionnement neurologique induit par les benzodiazépines).
Les contours de cet acronyme sont encore flous, et il n’est pas reconnu par l’ensemble de la communauté scientifique. Les auteurs de l’étude estiment néanmoins qu’il pourrait être le résultat de modifications cérébrales résultant de l’utilisation de benzodiazépines.
Des symptômes qui durent...
Pour en arriver à ces conclusions, les scientifiques ont analysé les données d’une enquête publiée un an plus tôt dans le journal National Librairy of medecine. Elle a été menée auprès de 1 207 consommateurs ou ex-consommateurs de benzodiazépines, dont les trois quarts vivent aux États-Unis, les autres venant de pays comme la France, le Japon ou l’Australie.
63,2 % d’entre eux avaient arrêté leur consommation au moment de l’enquête, pendant que 24,4 % étaient en cours de sevrage, quand 11,3 % des participants suivaient encore un traitement complet. À noter également : 98,6 % des consommateurs avaient une ordonnance, et 68,4 % d’entre eux ont déclaré qu’ils respectaient les prescriptions, quand 22 % prenaient leur traitement convenablement « la plupart du temps ».
Les chercheurs ont ensuite demandé aux participants de choisir parmi 23 symptômes associés à la consommation de benzodiazépines qu’ils avaient pu ressentir. L’enquête ayant été réalisée sur Internet, aucun diagnostic psychiatrique indépendant n’a pu être posé chez les participants, admettent les auteurs.
Quant aux participants, 88,1 % ont déclaré avoir souffert d’anxiété, de nervosité ou de peur, 86,9 % d’entre eux de troubles du sommeil et 86,2 % de faibles niveaux d’énergie. Et quand les symptômes étaient bel et bien présents, ils se faisaient ressentir pendant des mois ou « un an ou plus » dans 76,6 % des cas.
... Et qui dégradent les conditions de vie
Les dix symptômes suivants ont persisté pendant plus d’un an chez plus de la moitié des personnes interrogées : manque d’énergie, difficultés à se concentrer, pertes de mémoire, anxiété, insomnie, sensibilité à la lumière et aux sons, problèmes digestifs, symptômes déclenchés par la nourriture et les boissons, faiblesse musculaire et douleurs corporelles.
Qui plus est, ces symptômes ont souvent été signalés comme étant nouveaux et distincts de ceux pour lesquels les benzodiazépines avaient été prescrites à l’origine. Par exemple, 57,5 % des personnes ayant rapporté des insomnies ne consommaient pas de benzodiazépine pour cette raison.
Sur le total des personnes interrogées, 54,4 % d’entre elles ont fait état de pensées suicidaires ou de tentatives de suicides et 46,8 % affirment que leur consommation de benzodiazépines a provoqué la perte de leur emploi.
Selon Alexis Ritvo, l’un des coauteurs de l’étude, « cette enquête apporte de nouvelles preuves significatives qu’un sous-ensemble de patients souffre de complications neurologiques à long terme ». Ces résultats « devraient changer notre façon de penser aux benzodiazépines et de les prescrire », selon le chercheur, dont les propos ont été recueillis par EurekAlert.
Mais « les mécanismes du BIND, son évolution clinique, les facteurs de risque et les modalités de traitement méritent d’être étudiés », signalent les chercheurs dans leurs conclusions avant d’assurer : « Toutes les personnes qui prennent des benzodiazépines ne développeront pas un BIND. »