http://toutelaculture.com/actu/medias/%C2%AB-medicaments-la-grande-intox-%C2%BB-de-my-kim-yang-paya-sonia-kanoun-quand-les-medicaments-peuvent-nuire-gravement-a-la-sante/Après le rejet de 90 % des demandes des victimes du Médiator auprès de l’ONIAM (Office national d’indemnisation des accidents médicaux), les scandales se succèdent dans le milieu pharmaceutique. My-Kim Yang-Paya & Sonia Kanoun (toutes deux avocates) plaident, dans leur ouvrage « Médicaments la grande intox » à sortir chez Stock en avril, pour l’introduction en droit français de la « class action » (action de groupe) en matière sanitaire. Comment en est-on arrivé là, alors que la France dispose d’une procédure de contrôle d’autorisation de mise sur le marché (AMM) des médicaments enviée dans le monde entier ? Est-ce parce que les firmes pharmaceutiques contrôlent tout, de la conception même du médicament jusqu’à sa commercialisation ? L’AMM ne serait-elle plus qu’une simple formalité ? S’appuyant sur une enquête fouillée et des entretiens avec des politiques et différents acteurs de la chaîne du médicament, les auteurs démontrent que la réalité du marché de la santé n’a pas pour préoccupation première de nous soigner, mais de faire du profit.
Les médicaments peuvent-ils nuire à la santé ? La réponse est OUI. Cet ouvrage dont les vertus pédagogiques ne sont pas à prouver va rapidement se retrouver dans toutes les mains et faire parler de lui.
Les français sont très préoccupés par leur santé. Ils sont les plus gros consommateurs de médicaments en Europe. On compte une dépense annuelle moyenne de 530 euros par habitant en 2010. La dépense relative à la consommation de biens et de soins médicaux a atteint les 175 milliards d’euros, soit 2692 euros par habitant pour la même année. Alors que la mission première de l’industrie pharmaceutique est censée améliorer notre santé, elle est devenue aujourd’hui une véritable machine de marketing et de vente de produits de consommation.
Cet ouvrage nous permet dans un premier temps de comprendre rapidement comment fonctionne notre organisme, et notamment ces capteurs que sont les récepteurs de nos cellules. Ensuite, il nous permet de mieux appréhender la conception d’un médicament, de la molécule au médicament, depuis le dépôt de brevet, en passant par les tests sur les animaux et les humains, la validation de l’AMM, jusqu’à l’arrivée du produit sur le marché.
La consommation excessive de médicaments dans nos sociétés modernes, occidentales et développées nuit réellement et même gravement à notre santé. Qui est concerné ? Qui est responsable ? Nous sommes tous concernés, et aussi tous responsables, que se soient les laboratoires, les médecins ou les consommateurs.
Le coût de fabrication des médicaments et la mondialisation des échanges sont les premiers responsables. Pour des raisons économiques, les laboratoires ont délocalisé leur production dans des pays émergents où il est impossible de faire des contrôles efficaces sur les matières premières utilisées et les procédures de fabrication, notamment pour les médicaments génériques.
« Les craintes du Dr Blain sont étayées par le scandale du Lovenox, un anticoagulant -non générique- fabriqué avec une hormone de vache, de mouton ou de cochon, l’héparine, qui aurait tué des centaines de personnes […] en plein scandale de la vache folle » (voir « Lovenox : vache folle sur ordonnance », Les inrocks, 28 juillet 2011)
La réalité des firmes pharmaceutiques n’est plus de soigner mais de faire du profit, de vendre le plus de médicaments au plus grand nombre et à n’importe quel prix. Et tout est bon pour nous faire consommer, de la publicité en passant par l’invention de maladies. Tout est devenu pathologique. Un individu en bonne santé est en fait malade toute sa vie… Pourquoi vendre des produits qu’aux malades alors qu’on peut droguer tout le monde ? On assiste donc à un véritable trafic de drogues légal qui rapporte autant que le narcotrafic, et ce, en toute impunité…
Quels sont les risques ? Voici quelques exemples, nous vous laissons juger par vous-mêmes :
« La Thalidomide a été prescrite à de nombreuses femmes enceintes pour lutter contre les nausées et les vomissements. Suite à la prise de ce médicament par leurs mères, de nombreux enfants sont nés sans bras ni jambes […]. De nombreux cas de malformation sont relevés un peu partout dans le monde. […] Il aura fallu attendre plus de trois ans avant que les effets désastreux de la Thalidomide soient pris au sérieux. Bilan : plus de 10000 enfants touchés dans plus de 50 pays.»
Ou encore, l’affaire du « coupe-faim mortel » prescris dans le cadre d’un régime amincissant qui a provoqué chez de nombreux patients des problèmes d’hypertension artérielle pulmonaire et de graves complications cardiaques. Ce produit a été consommé par plus de 70 millions de personnes. Une patiente, Anna Paulos, a du subir une greffe des deux poumons en 1994, pour n’être indemnisée qu’en… 2011. Cette affaire nous fait penser au film Requiem for a dream.
Beaucoup de médicaments sont pointés du doigt pour leurs effets secondaires néfastes. C’est tout le dispositif de pharmacovigilance qui est mis à mal, par la faillite totale de sa mission.
Quelle est la responsabilité des prescripteurs ?
Réponse : « Les médecins administrent des médicaments dont ils savent très peu, à des malades dont ils savent moins, pour guérir des maladies dont ils ne savent rien » (Voltaire)
Au delà des produits qui sont mis systématiquement sur le banc des accusés, de la responsabilité des laboratoires et des médecins, il est aussi important de prendre conscience de notre consommation personnelle excessive. Le consommateur est aussi responsable. L’homme moderne a tellement peur de mourir, de vieillir, de souffrir et d’être malade physiquement et mentalement, qu’il trouve réponse à tous ses maux dans la pharmacologie. Il est devenu insupportable d’avoir mal, comme d’avoir faim d’ailleurs. Et nous sommes malades de nos excès, de notre peur panique et de notre manque de recul. Nous sommes autant des junkies que les toxicomanes que nous montrons du doigt dans la rue.
« Les gens bien portants sont des malades qui s’ignorent. » (Jules Romains, Knock ou le triomphe de la médecine)