1 - Se stabiliser

La toute première chose à faire quelle que soit votre situation de départ est de vous stabiliser, c'est-à-dire de trouver le dosage minimal de benzodiazépine et le nombre de prises quotidiennes nécessaires avec lesquels vous vous sentirez assez bien, sans symptômes de sevrage et avec le minimum d‘effets secondaires, car il est essentiel de démarrer un sevrage sur de bonnes bases.

Ceci implique que vous compreniez la question des demi-vies.

Manuel Ashton [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
« La vitesse d'élimination. Les benzodiazépines diffèrent de façon marquée par la vitesse à laquelle elles sont métabolisées par le foie et éliminées dans l'urine (Tableau 1). Par exemple, la "demi-vie" (soit le temps pris à la concentration sanguine pour arriver à la moitié de sa valeur initiale avec une seule dose) du triazolam (Halcion) n'est que de 2 à 5 heures, tandis que la demi-vie du diazépam varie de 20 à 100 heures et que celle d'un métabolite actif de diazépam (desméthyldiazépam) varie de 36 à 200 heures. Ce qui signifie que la moitié des produits actifs du diazépam restent présents dans les vaisseaux sanguins pendant 200 heures après la consommation d'une dose unique. Manifestement, avec un accroissement de doses quotidiennes répétées, il peut se produire une accumulation et un taux de concentration élevé dans l'organisme (surtout dans les tissus gras). Comme l'indique le Tableau 1, il existe une variation considérable entre les individus en ce qui concerne la vitesse à laquelle ils métabolisent les benzodiazépines.

La durée de son effet. La vitesse d'élimination d'une benzodiazépine est évidemment importante dans la détermination de la durée de son effet. Cependant, la durée de son efficacité apparente est en principe considérablement moins longue que sa demi-vie. Avec la plupart des benzodiazépines, les effets perceptibles disparaissent en général au bout de quelques heures. Néanmoins certaines benzodiazépines sont présentes dans l'organisme tant et aussi longtemps que leur demi-vie alors elles continuent d'exercer des effets subtils sur une longue période. Ces effets peuvent devenir évidents pendant la continuité de leur utilisation ou peuvent apparaître comme des symptômes de sevrage si le dosage est réduit ou à l'arrêt complet de l'absorption de la benzodiazépine. »

Ainsi vous comprendrez qu’un traitement à base de benzodiazépine à demi-vie courte en une seule prise journalière peut vous occasionner des symptômes de manque, alors que la même dose de benzodiazépine mais répartie sur 2 voir 3 ou 4 prises selon la durée de sa demi-vie peut vous permettre de vous stabiliser.

Pour les personnes sous le coup d’un sevrage trop rapide, il convient de revenir à la dernière dose à laquelle vous vous sentiez encore assez bien.

Pour que cette stabilisation soit correcte il faut maintenir le dosage avec la bonne répartition des prises durant 3 à 4 semaines pour un retour en arrière, durant 1 à 2 semaines pour un simple réajustement du nombre de prises quotidiennes.

Une autre notion importante pour la stabilisation est le respect strict des prises et des horaires.
En effet, notre cerveau est très sensible aux variations de concentration en benzodiazépine, mais ce qui est trompeur est que les symptômes de sevrage sont toujours retardés et d’autant plus s’il s’agit d’une benzodiazépine à demi-vie longue.
Un oubli d’une prise avec une benzodiazépine à demi-vie longue peut ne donner des symptômes de sevrage que 10 jours après l’oubli !!
Il est donc fréquent que les personnes qui font varier leurs doses pensent que leur organisme le supporte bien car elles ne font pas la relation entre leurs troubles et les variations de doses, à la hausse (qui peut entraîner un mini-sevrage réactionnel) ou à la baisse, quelques jours auparavant.

Conclusion : Avant d’entamer tout programme de sevrage il est nécessaire de se stabiliser avec la dose minimale de benzodiazépine dont notre organisme a besoin pour fonctionner correctement et en répartissant cette dose sur le nombre de prises nécessaires. Avec une benzodiazépine à demi-vie longue il faut compter 2 prises, matin et soir. Avec une benzodiazépine a demi-vie courte il vaut mieux répartir la dose sur 3 voir 4 prises, réparties équitablement entre le lever et le coucher.
Il est absolument indispensable de rester très rigoureux dans le respect des prises et des horaires, sans variations, ni à la hausse, ni à la baisse.